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À deux mains.

Elle m'a demandé de tendre les bras, d'ouvrir les mains, de les regarder. Elle a proposé de mettre dans ma main gauche tous mes apprentissages et toutes mes compétences.
À deux mains.
Photo by Luis Quintero / Unsplash

Elle m'a demandé de tendre les bras, d'ouvrir les mains, de les regarder.

Elle a proposé de mettre dans ma main gauche tous mes apprentissages et toutes mes compétences. Dans la main droite, elle m'a dit de poser tous mes problèmes. C'était étrange, ça a pris du temps étonnement pour remplir la gauche, alors que je sentais le poids dans la droite. Puis mes mains se sont naturellement rapprochées. Des tensions ont saisi la gauche, l'éloignant à plusieurs reprises pour une demie-seconde, comme par réflexe, comme si elle ne voulait pas, avant de se rapprocher à nouveau. Après dix minutes, ma main gauche était chaude, la droite presque gelée. Je les ai frottées pour retrouver un équilibre, la gauche a réchauffé la droite, comme si je réalisais que j'avais tout en main pour faire face à toute adversité.

Je n'ai presque pas regardé les informations cette semaine.

Je me suis arrêté mardi, après avoir lu que plus de 2600 lobbies avaient été accrédités pour participer à la COP28. Cela venait conclure mon in(ter)vention de dimanche dernier. À quoi bon de toute façon, je ne fais que la lire, la misère du monde. Et la lecture n'a jamais sauvé personne. Les livres, oui. C'est ce que certains affirment. Moi, ils me font rêver, je suis fasciné par le talent de certains écrivain.es, par la beauté de ce qu'on peut trouver dans les tripes, par la simplicité de ce qu'on peut trouver dans les têtes. De cette année je retiendrai Les Furtifs, qui continuent de me donner des frissons, de me dire que j'ai encore beaucoup de choses à apprendre et de me rappeller que l'écriture me fait avancer. Qui sait, je tiens peut-être quelque chose de réel entre mes mains, alors tant pis pour l'actualité.

Tonton, t'es parti.

C'était pas aux infos, alors je l'ai su. Je l'ai senti, on l'a pressenti, c’est certain, ce n’était pas seulement un synchronisme de voir le Samu s'arrêter près du stade. Sayonara. Tu nous l'as fait comme ton frère, même point de départ, pour un dernier ride sous les lumières des gyrophares, pour une dernière nuit dans un lit sans couleur qui nous donne, à nous, le cafard. Mais pour toi, c'est la sérénité du blanc immaculé, le droit d'être apaisé entre des mains qui laissent partir quand c'est l'heure d'y aller. Merci tonton pour ta Moustache, dessous tu nous as donné le sourire de papa quelques années de plus. Et bravo à vous deux pour le spare, dix quilles tombées en deux coups. Cinq chacun, pour l'équilibre, comme toujours. Mais filez tranquille, la vie les remettra debout pour la prochaine partie, ne vous inquiétez pas. Retrouvez-vous, ajoutez quatre-cent coups à votre jeunesse, assurez strike sur strike et faites des étincelles qu'on verra d'en bas. Désormais, c'est deux mains qu'on agitera vers le ciel quand on vous saluera.