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À l'heure des métaphores.

Derrière moi, la porte ne se ferme pas, elle claque. Devant moi, les poussières n'avancent pas, elles volent.
À l'heure des métaphores.
Photo by Pierre Bamin / Unsplash

Derrière moi, la porte ne se ferme pas, elle claque.

Devant moi, les poussières n'avancent pas, elles volent. Un nouveau courant d'air, et l'espoir infime caché quelque part dans cette boule de saletés est à nouveau hors d'atteinte. Aucune électricité statique, aucune prouesse télépathique pour à nouveau m'en rapprocher. En face, par la fenêtre, pas de soleil qui tape, du gris, du gris, du gris, et l'amas de poussières au sol qui s'y confond. Gauche et droite sont emmurées et la porte s'est scellée dans son claquement, sans me laisser le temps de dire au revoir. Immobile, j'ai quelques heures de réflexion, pour regarder les aiguilles tourner, les souvenirs défiler, refaire le point et tracer un trait sur l'achevé et l'inachevé.

À mes pieds désormais, il est minuit.

Les aiguilles ne font qu'une, alignée vers l'avant. Les nuages ont suivi le soleil vers l'Ouest pour laisser place à une lune pleine, éclairée par un souhait caché. Je regarde Arcturus, à trente-sept années lumières. Je songe que si elle s'est éteinte à ma naissance, alors elle ne sera plus là l'année prochaine. C'est ainsi que le temps passe, partout, tout le temps, même dans différentes dimensions. Rien n'est figé, mêmes les souvenirs s'estompent, on ne peut pas compter sur eux. Mais il n'y a rien d'autre dans l'obscurité, même les trains ne passent pas ce soir. Je ferme les yeux, imagine une toile blanche, y trace le trait de l'inachevé qui continue sous mes paupières, en pointillés.

On ne va pas attendre sans bouger que les étoiles meurent, merde !

Et pourquoi chercher forcément à briller, c'est leur rôle, pas le nôtre, bordel ! Il y a tant de choses qui peuvent nous mettre en lumière, pourquoi s'obstiner à vouloir en créer. Les lucioles étaient belles au Nord de Trois-Rivières, seules insignifiantes, ensemble galactiques. D'une peinture phosphorescente, elles viennent compléter les pointillés sur ma toile. Elles semblent éclairer une route à prendre, qui mène vers une plaine blanche qui attend les esquisses d'une main confiante. Sans règle, les lignes sont approximatives, rien n'est parfaitement droit comme rien n'est parfaitement figé. Et puis voilà un sommet, puis un gouffre, puis la vallée de larmes et la vallée de roses d'Ormesson. Tout se rejoint, tout se lie, tout se sert, car si vous parlez des roses, il faut pas oublier les larmes, et si vous parlez des larmes, il faut pas oublier les roses. Tout contribue à mettre en lumière un imaginaire dans ce qui aurait pu n'être qu'une boule de poussières. L'or est à portée de main, il suffit d'habituer nos yeux à la lumière tamisée, de rejoindre ce mouvement équilibré qui laisse apparaître parmi les pierres des pépites qui brillent pour des années lumières.

J'ouvre les yeux, dans le ciel noir un feu d'artifices éclate pour accueillir 2024.