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Aux âmes, citoyens.

Je me cache dans les temps de Marcel Pagnol. J’arpente les mêmes routes provençales, me nourris de son insouciance, vis ses histoires sans drame.
Aux âmes, citoyens.
Photo by Jason Leung / Unsplash

Je me cache dans les temps de Marcel Pagnol.

J’arpente les mêmes routes provençales, me nourris de son insouciance, vis ses histoires sans drame. Mais que c’est dur, de s’y plonger. Que c’est dur, de lire quelques lignes du passé sans penser au présent, aux tourments et aux tournants. Que c’est dur, d’absorber le réel, de le distinguer de la fiction. De comprendre la folie. Je suis bien désarmé, incapable face aux intouchables. Je ne bois pas de Coca-Cola, les produits américains que je consomme sont ceux qui me permettent d’écrire, je ne peux rien lâcher.

On assiste à un combat de kamikazes.

Aux milliards de dommages collatéraux. Des hommes dont la cervelle a explosé avant tout impact. Des acheteurs qui surenchérissent en levant la main dans un salut nazi. Des coqs qui pensent au pire perdre des plumes, mais il n'y a plus ni arbitre ni parieurs, qui ont compris qu'on ne jouait plus. On sollicite la "force d'âme" des innocents. Bientôt on sollicitera la "force d'arme" des innocents, puis l'âme des innocents, puis on les remerciera sans épitaphe. On demandera tout à ce qui n'ont jamais rien demandé.

Au milieu, une routine forcée, déconnectée.

Pour garder la face. On s’occupe du bras de maman qui capitule. On s'arrache les cheveux sur des clients qui prennent la tête avec leur projets qui font de belles jambes. On évite de penser. Que tout peut changer, car plus rien n’a de sens. Que la panique est une question de temps, dans un instant où tout s’accélère. Dans un moment où plus rien ne se gagne, où l’on est simple spectateur de tout ce que l’on perd. On répète espoir comme on respire, mais je désespère. On parle de sursaut comme si tout était surprise, mais je suis malheureusement déjà bien réveillé.

Je me cache dans les forêts de Marcel Pagnol.

Je suis dans le temps des secrets. Préférerais-je ne rien savoir ? Être ignorant mais préservé. Vivre dans un mensonge heureux. Laisser libre cours à ma seule imagination. Me dire que ces pluies d'obus sont des pluies de météorites. Que tout ce qui disparaît réapparaît ailleurs, plus loin, plus beau, pour que d'autres comme moi puissent en profiter. Que ceux qui partent font un beau voyage, reviendront heureux. Que je suis bien innocent. Que je suis bien impuissant. Que mon âme n'est que d'enfant.