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Bancs et chantiers publics.

'ai toujours la tête pleine à craquer. Mais au moins, les cartons sont vides.
Bancs et chantiers publics.
Photo by Umanoide / Unsplash

J'ai toujours la tête pleine à craquer.

Mais au moins, les cartons sont vides. On a pris nos marques, loin de la campagne du billet précédent, mais proche de la mer de l'humeur actuelle. Elle est plus calme ici, les barques traditionnelles semblent figées dans l'eau, face au Fort Carré et à la montagne aux sommets toujours enneigés. Et il y a ce banc, sous le pin, près de la criée et du terrain de pétanque. J'ai envie de m'asseoir, d'étudier les pointeurs, d'applaudir les tireurs, de me dire qu'un jour ce sera peut-être moi. Quand le stress m'aura foutu la paix, quand les boules seront dans mes mains, quand je pourrai mesurer le temps tranquillement, avec une brindille, sans respirer, pour ne rien faire bouger.

Vivement la vieillesse.

Je repense à ces bulgares, sans boules ni terrain de pétanque, sans rien d'autre qu'un banc au bord de l'unique route qui traverse le village. Derrière eux, leurs modestes vies qui tiennent dans des petites maisons de parpaings rouges sans parement ; devant eux, cette chaussée de nids de poules sans revêtement, où charrettes locales croisent Porsche Cayenne de la capitale. De quoi papoter, de prendre le temps de refaire le monde entre eux à défaut de pouvoir refaire la route. Un monde où tout est ainsi, à sa place qu'ils le veuillent ou non, où aucun d'eux ne peut en modifier le cours, pour leur plus grande sérénité. Ils ne peuvent que regarder à gauche ou à droite, avant de se lever pour rentrer dîner.

Plus proche, moins paisible.

De l'autre côté de la frontière, le retraité italien ne joue pas à la pétanque. Il ne reste pas le cul sur un banc non plus. Il erre autour de chez lui, passe son temps entièrement libre à surveiller et à commenter les chantiers publics, jambes arquées, bras dans le dos, dos courbé. Il fait partie des umarells, éternels contempteurs des travaux de la ville, toujours prêts à livrer des conseils plus ou moins avisés. Je serai plutôt de ceux-là, qui doivent rester occupés, qui ont besoin de combler l'ennui les bras croisés, à hanter les autres. J'ai déjà un avis sur tout, je vais être insupportable. À moins que je ne continue d'écrire, pour emmerder que ceux qui le demandent.