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Cap ou pas cap.

Au Canada, un psychologue demande à son patient : où habites-tu ?
Cap ou pas cap.
Photo de Aron Visuals sur Unsplash

Au Canada, un psychologue demande à son patient : où habites-tu ?

C'est l'une des premières questions posées lors d'une thérapie. Elle est figurée, elle parle du coeur, de l'être. Je ne suis pas capable d'y répondre, incapable aussi d'une réponse à son sens propre. Car au sens propre, je suis SDF. Je n'ai pas de résidence principale mais une résidence secondaire. Je fais les choses à l'envers. Je ne les fais pas vraiment à vrai dire, ma maison n'est même pas fixe. Je peux la déplacer à peu près partout, il ne lui manque que l'option amphibie pour le jour où je déciderai de traverser l'Atlantique.

J'ai des points de chute un peu partout, merci à vous.

Mais pas de point de départ, ni point d'arrivée. Je serai plus cap d'acheter un bateau que de lui donner un vrai cap une fois en mer. Je navigue à vue. Sauf que je me suis perdu dans l'océan, l'horizon est identique partout où je regarde, même pas une île où accoster, où faire une pause pour réparer ma boussole. Vu le temps, il me semble clairement être au Nord, mais en réalité, je ne sais pas où j'habite. Des pieds à la tête, en passant par le coeur. Alors d'ici que je pose ma première pierre, merci pour vos matelas, vos cafés, vos codes wifi et vos doubles de clés. Sans domicile, mais plein d'amitiés.

Il y a encore une longue marche à parcourir.

Un pèlerinage en parallèle du sentier réel. Pour finalement retrouver la route, croiser ceux qui ont la tête haute et les mains accrochées aux bâtons, qui avancent droit devant, vers le Sud, sans l'ombre d'un doute et avec leur ombre derrière eux. Avec cadence mais sans décadence. Même en plein désert, ceux-là savent où ils vont, c'est pour ça qu'ils portent des casquettes sahariennes avec protège-nuque. Le ridicule ne tue pas, au contraire. J'imagine que mes Veja ne me sauveront pas, elles ont pourtant été fabriquées en Amazonie. Si je prends la mer, elles prendront l'eau, tout le monde n'a pas les sandales et le mental de Moïse pour se frayer un chemin au sec.