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Eyes Wide Open.

Quand j'ai ouvert les yeux ce matin là, je savais que quand je les fermerai à nouveau, je ne verrai plus les choses comme avant.
Eyes Wide Open.
Photo by v2osk on Unsplash

Quand j'ai ouvert les yeux ce matin là, je savais que quand je les fermerai à nouveau, je ne verrai plus les choses comme avant.

Comme le soleil en face de moi savait qu'il ne se coucherait pas là où il s'était levé. Une évidence. C'était un jour que j'attendais patiemment, le résultat d'un cheminement de plusieurs années. Il s'agissait surtout, ce jour là, de faire éclore cette aspiration personnelle, pour une fois de rendre réel un projet qui a réussi à s'imposer dans mon dédale de milliers d'idées.

C'était un jour extraordinaire, et pourtant je l'ai démarré de la plus ordinaire des manières.

Je m'étais promis avant ce jour de prendre mon temps, être un homme pressé mène sur la mauvaise route, preuve à l'appui. J'ai moulu mon café, ouvert mon livre, regardé le soleil s'élever. Dans quelques heures Lula et Bolsonaro s'affronteraient une dernière fois. Ce matin là, j'étais persuadé que l'issue pour moi et pour des millions de brésiliens ne pouvait être que positive. Lorsque j'ai enfin pris la route vers le bout de la Terre, j'ai été ralenti. Un accident venait d'avoir lieu sur une innocente ligne droite et je suis passé à quelques mètres de cette personne blessée, allongée sur un brancard, dont la vie venait de basculer. Je me suis dit qu'il était plus que temps que j'arrive à destination, certaines choses finalement avaient trop attendu.

À une centaine de pas de la mer, j'ai ouvert grand la porte de ma nouvelle maison.

La chaleur m'a surpris en cette fin Octobre. L'odeur du bois m'a enivré. Le soleil m'avait accompagné jusque là, j'étais surpris de le voir à travers chaque fenêtre, comme s'il avait perdu le sens de l'orientation. Au bout de quelques heures, j'étais installé. Toutes mes possessions, réduites au cours des trois dernières années, avaient enfin trouvé leur place dans quelques mètres carrés. Mes yeux ce soir là étaient ouverts sur ce qu'ils imaginaient lorsqu'ils étaient fermés. Je me sentais bien, je savais que j'avais fait le bon choix. Je comprenais que l'idée qui obsède est la bonne idée. Que j'allais pouvoir fermer les yeux en laissant de la place pour de nouvelles aspirations. J'avais enfin ouvert les portes Shoji, créé une passerelle entre mon chaos extérieur et ma paix intérieure.