Cet été là.

Nous avons tous un été.
Un été qui a été plus beau que les autres, mais dont on a qualifié la beauté que bien plus tard. Vous voyez, cet été là. Qu'est ce qui en a fait sa beauté ? Pourquoi c'est lui qu'on regarde avec nostalgie, avec envie, avec la croyance que peut-être un jour on pourra remonter le temps ? Le chant des cigales, l'éternité des couleurs, l'odeur des embruns. Une chanson, une rencontre, une balade, une simple chaise longue. Cet été passé trop vite où le temps s'est arrêté.
Je ne saurais lequel choisir, mais les candidats sont déjà vieux.
L'insouciance est déjà loin, l'inconscience ne s'approche plus. Pourtant la mer est identique, les vagues sont perpétuelles. Le sable foulé il y a vingt ans est là quelque part, témoin. Il aurait dû me dire de savourer davantage, de fermer les yeux quand j'y laissais mon empreinte éphémère, encore léger. J'ai aujourd'hui le coeur lourd mais le sourire sincère en repensant à ce qui n'est plus, à ceux qui ne sont plus. Tant d'ingrédients qui rendaient ces longues journées si savoureuses, des huiles solaires et d'olive pour glisser vers l'éternité.
Désormais, l'été je nage.
J'ai dépassé la plage pour parcourir des centaines de mètres au-delà du rivage. La tête sous l'eau je suis presque invisible, à la surface la bouée rouge rappelle au monde que je suis là, au cas où je me perdrais. Je vise l'horizon, la ligne entre ciel et mer, celle qui s'estompe à force de trop regarder. Je m'arrête, me retourne, je vois cet enfant sur la plage, qui court, qui rit, qui vit l'été qui le rendra nostalgique. Je lui souris mais il ne me regardera que dans quelques années, quand il visera l'horizon, sa bouée à la main et son passé dans le dos. On accostera tous les deux sur une autre rive et on parlera de ces étés là, le soleil dans les yeux, le goût des embruns sur les lèvres, le chant des cigales dans nos histoires.