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Crema apaisante.

Quand il disait que le billet allait être salé, il ne pensait pas si bien dire. Car, quand rien ne va plus, on prend la direction de l'Italie, pour se cacher sous sa gastronomie
Crema apaisante.
Photo by J M / Unsplash

Quand il disait que le billet allait être salé, il ne pensait pas si bien dire.

Car, quand rien ne va plus, on prend la direction de l'Italie, pour se cacher sous sa gastronomie, au chaud et à l'abri entre deux feuilles de lasagne. On compense et on se défend avec deux armes essentielles : des oeufs et de la farine. On imagine sauver le monde ainsi, dans un pique-nique géant, où chaque pays viendrait avec son Tupperware qu'il ouvrirait à son voisin curieux, dans un troc gastronomique où tout le monde sort gagnant, repu, et moins con. Un banquet avec Gaulois et Romains, bras dessus-bras dessous pour célébrer la bonne bouffe, pour faire couler cervoises et vins du monde entier, parce qu'on est bien plus heureux et tolérants quand on est plein.

Cheeeese !

Le fromage pour rétablir la paix dans un sourire partagé. Une usine d'enrichissement d'uranium détruite avec des risques de radioactivité ? Hop, on coule un dôme de crema di parmigiano par dessus. Une plaie géante qui continue d'être attaquée ? Hop, on cautérise avec de la crema di parmigiano. Une guerre qui démange ? Hop, on apaise avec une crema di parmigiano. Les propositions pour un cessez-le-feu ne satisfont personne ? Hop, on rajoute des tortelloni faits maison à la crema di parmigiano dans le deal et, si ça ne suffit toujours pas, on demande à l'Élysée de rajouter un bon pour une raclette à partager au Château de Versailles dans les douze mois à venir.

15 000 tonnes de Caprice des Dieux vendus chaque année.

120 000 unités achetées chaque jour en France, bordel, il est temps qu'ils nous rendent la pareille les Dieux ! Qu'ils se mettent d'accord autour d'une truffade au dessus des volcans d'Auvergne, et qu'ils fassent ensuite bien passer le message ici-bas. Qu'on ne fasse des trous plus que dans l'emmental. Parce que le camembert en fin de dîner commence sérieusement à avoir mauvais goût, trente minutes après le début du 20h. On fait la moue et on a plus envie de se resservir, on ne s'autorise plus par gourmandise un dernier plaisir coupable. On se sent coupable tout court d'être là, avec notre boîte à fromages et ce drôle de couteau qu'un gamin pourrait planter comme une arme. On soupire dans une mauvaise haleine, en espérant que le monde soit juste un Maroilles, qu'il pue fortement à l'extérieur, mais qu'il garde encore un coeur fondant et plein de saveurs.