Easy lullabies.

Peut-être qu’il faut que j’arrête de chercher.
Que rien est là, que tout est là. Qu’en fait il n’y a rien de plus à trouver qu'un quotidien à découvrir. Une banalité après l’autre, comme quelques notes de piano. Une intro, une ballade, une outro. Comme les easy lullabies. La musique berce mes sentiments, il est temps que mes sentiments me bercent en retour. Je dois me rappeler qu’il n’y a pas que les montées aux sommets qui s’apprécient, j’ai grandi dans le bonheur d’une descente. Il faut prendre le risque de se laisser ainsi flotter au gré de la vague. De l’embrasser jusqu’en son creux.
Car on est bien dans le cou d'une houle.
On y ferme les yeux pour surfer, sentir, toucher, goûter. On ne peut pas aller plus loin, le contre-courant nous saisit. En réalité, on ne veut plus aller plus loin, notre visage se couvre d'une sensation qu'il n'a plus envie de quitter. On a trouvé cette apesanteur, ce bien-être sans gravité. On tremble, mais ce n'est pas le froid, c'est l'envie. Sur le dos, on ouvre les yeux et on murmure you and your happyskies, you and your happyeyes, you and your happysmiles. Comme si le sel avait collé le bonheur, comme si le soleil avait scellé l'union.
Cold coffee.
En écoutant ses ballades, c'est à ça que je pense. J'ai la peau chaude, des perles de sueur y scintillent. On doit s'hydrater. Le café a refroidit, la moka est posée près du bord. Pour une fois je n'attends pas mon espresso, c'est lui qui patiente lungo pendant qu'on valse. Quand on rejoint finalement la rive, qu'on ressent à nouveau le poids de la Terre, sa fraîcheur fait l'effet d'un amaro. On a envie de se laisser emporter pour une nouvelle danse, de chanter sur une place italienne. Une fête pourrait désormais remplacer la berceuse, elle commencerait par raconter l'histoire improbable d'un coeur enfouit toujours en vie, que l'on a découvert alors qu'on avait cessé de chercher.
happyeyes, Benjamin Amaru