Eject.

À l'arrêt.
Plutôt que d'écrire, cette semaine j'ai préféré lire, relire, aller de l'avant, faire marche arrière. Plus j'ai d'idées en tête, plus il est difficile de les faire sortir. Un réveil à l'aube et un lever de soleil sur la baie des Anges n'auront pas aidé, je ressens physiquement le goulot d'étranglement qui empêche la synchronisation du corps et de l'esprit. Trop de réalités parallèles, trop de projets irréels, trop de chuchotements à l'oreille qui disent que tout est possible, que les barrières sont invisibles. Croire est une torture.
Je suis assis confortablement.
Je suis bien attaché, en toute sécurité. J'ai presque toutes les options à portée. Mais je cherche le bouton d'éjection du siège. Je ne panique pas, la mer dessous est calme, je flotterais, la tête toujours hors de l'eau. Et puis je sais nager, il y aura bien un rivage, un autre, où tout est à découvrir, où l'espoir fait survivre. Un endroit où il n'y a plus de choix, où, si on a le cul coincé, c'est entre deux pierres, pour tout faire sortir. Mais n'est pas Robinson qui veut, et l'alerte si j'enlève ma ceinture m'énerve au bout de dix secondes.
J'ai de la chance.
Mais j'en attends une autre. Une coïncidence, un évènement anodin, imperceptible, qui dévierait la trajectoire du train de quelques centimètres, pour arriver à des milliers de kilomètres de la destination initiale. Une surprise, un imprévu, une paire de couilles. J'attends d'avoir la fesse qui gratte pour sortir de mon confort, une piqure pour donner un coup de volant involontaire. Parce que ma tête est pleine de tout sauf de courage. Elle a sa raison, sa logique implacable, mais j'ai envie de changer les règles.