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Et il ne reste que le désert.

Mon premier billet était le fruit de l'injuste invasion russe. Depuis, la neige et la vie ont disparu, mais les chars et la mort sont toujours là.
Et il ne reste que le désert.
Photo by jean wimmerlin on Unsplash

Mon premier billet était le fruit de l'injuste invasion russe.

Depuis, la neige et la vie ont disparu, mais les chars et la mort sont toujours là. À l'abri au bout de ma terre, je n'ai croisé personne, écouté aucun récit, raconté aucune réalité. J'imagine, mal. J'attends la déflagration, l'onde de choc si brutale qu'il sera impossible de rester debout, droit dans ses bottes, même à l'autre bout de l'Europe. Notre vague de chaleur n'est-elle pas la conséquence des explosions d'obus chez eux, nos incendies un dommage collatéral de leurs villes calcinées ?

Le monde est Terminator.

On a beau le frapper, le défigurer, le tuer même, il se relève. Il boîte, il regarde ses plaies, mais il reprend sa marche en avant. C'est comme si sa cible était finalement l'arme qui le laissera à terre pour de bon. Il est de plus en plus douloureux d'avancer, mais c'est ce qu'attendent les spectateurs. On a pas le temps de rester souffrir, de s'apitoyer, de se rétablir. On a payé pour se prendre une autre balle, allons-y gaiement. Ce n'est qu'une fiction, pas vrai ?

Je rêve souvent des mondes imaginaires de Murakami.

Ces univers parallèles qu'on ne distingue qu'à la couleur de la lune. Deux fictions dans deux réalités. Des personnages qui ne souffrent plus de la misère humaine, tant ils sont témoins de douleur surhumaine dans laquelle ils puisent la force de tout accepter, même l'irréel. C'est pourtant plongé dans cet imaginaire que l'on réalise la frappante réalité.

"Et bien c'est pareil. Notre monde est comme ça. Quand il pleut, les fleurs poussent, et quand il ne pleut pas, elles fanent. Les lézards mangent les insectes, et sont mangés par les rapaces. Mais tous finissent par mourir et se dessécher. Une génération disparaît, une autre prend sa place. C'est une règle absolue. Il y a différentes façons de vivre, et différentes façons de mourir. Mais c'est sans importance. La seule chose qui reste en fin de compte, c'est le désert." (Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil)