Fauve.

Les hontes restent silencieuses.

Elles s'emparent de nous, elles nous envahissent, elles nous rongent, elles deviennent un trait de personnalité. Une habitude qui empêche, qui paralyse un à un les centimètres de notre sourire. Parce qu'on a honte de l'assumer. On aurait dit un texte de Fauve. On dirait : "Oh la honte, il écoute Fauve." Et oui, je m'en inspire même. Car, aussi honteux qu'il soit d'écouter les râles de détresse slamés de parisiens à mobylette, ces textes m'ont percuté dans de puissants moments de solitude. Il ne faut pas avoir honte d'être seul, de se sentir seul, d'écouter Fauve, d'écouter des conseils d'une simplicité évidente.

Tu nous entends la honte ?

"Tu nous entends la honte, tu nous entends ? Si tu nous entends, fais gaffe quand tu rentres chez toi toute seule le soir, on pourrait avoir envie de te refaire la mâchoire avec des objets en métal ou de te laver la tête avec du plomb, qu'est-ce-que t'en dis ?"
J'en dis que j'ai beaucoup chanté ces lignes, beaucoup gueulé cet imaginaire. J'en dis surtout que c'est une très bonne idée, que si on avait moins honte on vivrait plus beau, avec des sourires plus larges et des rires plus bruyants. On se moquerait de tout et surtout de nous. Ça ferait un joli monde.

Alors j'agis sans honte un instant, caché derrière mon écran.

Face à moi-même, face à mon reflet dans la dalle full HD, je n'ai pas honte de mes nombreux échecs. J'ai le coeur fauve et l'envie d'en slamer quelques uns : déjà cinq boîtes aux oubliettes, déjà oublié par mes belles conquêtes. La barbe pour compenser l'absence de cheveux, la fuite pour compenser l'absence d'esprit courageux. Des excuses, des excuses, des excuses, pour justifier constamment pourquoi j'abuse. Sur ce blog encore quelques mots pour satisfaire mon égo, pour réaliser que la honte a bon dos. En vérité, la lâcheté me sied, comme l'impertinence et l'impatience, comme l'absence de folie et le manque de modestie. Mais maintenant que le rideau est tombé, que je peux assister à mon spectacle ridicule alors que la honte prend la porte, je vais pouvoir travailler à rendre beau ce triste clown.