Forza.

L’Italie m’avait manquée.
J’avais la voix trop faible et les gestes trop mesurés ces derniers mois. Il était temps de venir brasser du vent rital dans ce Sud qui respire la vie en ouvrant bien grand la bouche. C’est la deuxième fois que je viens me perdre dans les ruelles napolitaines au pavé noir de lave, dans la cité de Neapolis née des siècles avant le Christ et dont Diego Maradona est devenu le Dieu. Le gamin en or et son drapeau argentin couvrent les balcons typiquement italiens, les quelques murs sans fil à linge, les étagères des cafés. La gloire, la vie, la mort, la foi se ressentent à chaque coin de rue, entre églises historiques, catacombes et icônes vénérées.
Naples est une fourmilière incroyable.
Des millions d'âmes sur des scooters qui grouillent au pied du Vésuve. On y parle le Klaxon, le dialecte local. Le Napolitain n'a pas le temps de s’arrêter alors il fait du bruit pour signifier son passage, une main sur l'accélérateur, une autre qui salue. Au volant, on fait le signe de croix en passant devant une église, on se tourne vers la Madone à toute vitesse en oubliant le code de la route. Après s'être faufilé sain et sauf, on prend de la hauteur. Le contraste est alors saisissant. Le labyrinthe sombre se mue en un amphithéâtre jaune et rose qui embrasse une baie mythique, dont Ischia et Capri partagent le soleil. On fait face au volcan endormi, tout est calme pour un instant, les scooters en bas semblent électriques. Mais le bruit vient à manquer, alors on redescend pour un bain de décibels, un café Moreno ou un Aperol Spritz.
On se lance dans une nouvelle balade à la tombée de la nuit.
On s'invite dans la vie des gens populaires. Les portes sont ouvertes sur les cuisines, on sent la pizza frite et on entend les fourchettes tombées. Les télévisions sont allumées, les fans de football sont figés jusqu'à ce que les Partenopei les libèrent dans une ambiance de Coupe du Monde. Maradona n'est plus là mais la passion est intacte, pour les générations nostalgiques comme pour celles qui ne l'ont jamais vu jouer. Rien n'arrête Naples, ni le temps, ni les défaites. Quand on est le berceau de la pizza, on est le berceau de la vie. Naples est une force qui nous sert le coeur et le corps et dont on a aucune envie de se défaire.