Interlude culinaire 2.

On a sorti la Cinquecento.
Prononcez tchingquouétchento, ou Fiat 500. Circuit d'Émilie-Romagne, départ Cento, arrivée Bologne. Sur la route, un café qui ressemble à un salon de coiffure de périphérie, ouvert entre 1992 et 1994, on s'arrête. Néons blancs, banquettes en similicuir blanc, impeccable, la Cinquecento se fond sur le parking, face à l'entrée. On commande une bouteille de Franciacorta, la découverte est sublime, le service est sans chichi mais les tramezzini sont, comme toujours, offerts et bons. Trente minutes plus tard, on remonte en voiture, Bologne est à quelques kilomètres, il va falloir trouver une place pour se garer dans ses ruelles aux arcades orangées. C'est peine perdue, sauf pour un italien. Les Vespa sont arrivées avant nous, déjà garées sur le terrazzo veneziano.
On baisse la tête pour passer le porche de l'Osteria Braccaindosso.
Sur la porte en bois, vieille comme la ville, il est seulement inscrit Domenica Chiuso, fermé le dimanche. On est dimanche, pourtant, ça grouille à l'intérieur. On entre. La salle est pleine, les voix se mélangent aux odeurs, fortes. La chaleur vous aspire, vous avez faim d'Italie. Et ça tombe bien, sous l’impatience du serveur qui n'a plus de temps à perdre après cinquante ans de service entre ces mêmes murs, on remplit son carnet des sept merveilles du monde, qui viennent toutes d'ici : tagliere di Parmigiano Reggiano e Mortadella, lasagna verde, tagliatelle al ragù, tortellini in brodo, tenerina con il mascarpone, le tout accompagné d'un Lambrusco et d'un Sangiovese. Les clichés ont bon dos, ici ils ont surtout bon goût.
Il faut marcher, pour digérer.
Mais 50 mètres plus loin, un autre café, enfoncé dans l'arcade, ouvert à qui sait coller sa tête contre la vitre. Le propriétaire est assis sur une banquette, l'Italie joue la Coupe Davis. On pourrait se servir nous même, mais on ne sait pas ce qu'on veut. Il semblerait que, finalement, personne ne se soit arrêté pour un café. Malgré l'immortelle Marzocco au centre, je n'ai d'yeux que pour ces bouteilles aux noms magiques : Montenegro, Limoncello, Fernet Branca, Campari, Amaretto, Vecchio Amaro del Capo. Mon regard s'arrête sur la septième merveille du bar : Cynar. Tournée générale de liqueur d'artichaut. Un goût de trop peu, j'aurais bien ajouté un vermouth, pour finir. C'était un autre dimanche, mais je suis à nouveau sur le départ du circuit. Buon domenica, un bacio.