Interlude culinaire 3.

Façades rouges, oranges, jaunes, aux pieds desquelles à la fin de l’été les feuilles se confondent en miroir. L’Italie se porte en toute saison, comme les tortellonis di zucca se dégustent à toutes les sauces. La citrouille et sa chair orange se cache sous la pâte jaune al dente, elle aussi recouverte de l’humeur du jour. Dans le centre de Cento, de Modène et de Ferrara, les façades se reflètent aussi dans l’assiette, pour le bonheur des pupilles et des papilles. Pour les amoureux du jaune qui savent attendre, on transforme par magie ici le parmesan en crema, puis on laisse le mélange sucré-salé de cette spécialité de pâtes farcies fondre sous le palais, les yeux fermés mais malicieux. Ce matin, j’ai vite ouvert les miens car de nouvelles dégustations attendent derrière les portes anciennes de Bologne. On est loin d’avoir encore tout découvert et les restaurants sont le refuge idéal quand partout ailleurs pleuvent les mauvaises nouvelles. Il y a des thérapies qui ciblent directement l’estomac, et dans ce domaine, peu importe la couleur, l’Italie excelle. Buon appetito.