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Ivresse et détresse.

Je me suis réveillé plus tôt. Mais je commence mon billet trop tard. J'avais promenade matinale.
Ivresse et détresse.

Je me suis réveillé plus tôt.

Mais je commence mon billet trop tard. J'avais promenade matinale. De quoi parfaire mon humeur, car il fait beau et déjà chaud. Café, pipi, caca, croissant, l'arrivée de notre retraitée dans la famille implique de nouvelles priorités, et un retour à l'essentiel. J'en oublie même mon téléphone, laissé près du panier le temps de trouver les sacs à crottes. Une fois dehors, parfois on guide, parfois on se laisse guider, dans le dédale des ruelles ou sur le bord de mer. On s'imagine quelqu'un d'autre, car la vie ainsi est différente. Il y a ce matin des confettis entre les pavés, des éclats de couleurs et des coeurs en papier. Les hommes savent encore exprimer leur amour, surtout quand il s'agit de football.

Car, ici c'est Paris.

Je garde un regard sur l'actualité malgré mon égoïsme ambiant des derniers temps. Paris a fait la fête dans toute la France, les journalistes parlent même d'une ferveur plus importante que lors de la Coupe du Monde 2018. Certainement n'ont-ils pas connu 1998, et veulent oublier ce qui se passe ailleurs. La Tour Eiffel affiche MAGIQUE mais la magie n'existe pas et, pendant ce temps là, là-bas c'est toujours Gaza. Un autre match à sens unique, qu'on regarde rapidement à la télé. On préfère regarder l'ivresse par la fenêtre que la détresse à distance, c'est humain après tout. Contrairement aux confettis de béton et de chair, des éclats d'obus et des coeurs déchiquetés. Les hommes savent encore exprimer leur folie, surtout quand il s'agit d'inhumanité.

Gueule de bois.

Après l'ivresse vient la migraine, punchline cause-conséquence efficace d'Orelsan dans le Chant des Sirènes. Sauf qu'on a prévu de remettre ça, une parade sur les Champs et un bus qui roule sur l'actualité. On pourrait espérer un petit drapeau jaune et bleu dans la foule, mais il n'y a pas de joueurs ukrainiens dans l'effectif parisien. Pas de tristesse, pas de colère, pas de révolte au programme du jour, seules la liesse et l'allégresse. Et puis, demain, c'est lundi. Pas le bon jour pour une révolution. Les confettis auront été nettoyés dans la nuit, ce sera café, pipi, caca, et une journée de boulot sans croissant, qu'on essaiera de faire rentrer dans le sac à crottes sans laisser de trace, pour oublier d'ici le lendemain.