J'ai oublié qu'on était dimanche.

C'était il y a quelques semaines, le temps est altéré depuis.
Je n’ai alors pas oublié d’écrire, mais j’ai oublié qu’on était dimanche. C'est particulier, je ressens habituellement la sensation lourde du dernier jour de la semaine et le sentiment ambigu qu'il procure. Très tôt il y a eu les dimanches que j’appréhendais, dès le lundi matin. Je me souviens particulièrement de mon sourire paralysé le soir devant Mister Bean. J'étais moi aussi muet car, peu importe les rires de sitcom, c'était l'insomnie et le silence qui m'accompagnaient quelques minutes plus tard, une fois la télévision éteinte. Une nuit blanche aux heures sombres qui m'angoisse encore parfois. Mais les semaines ont passées et il y a finalement eu les dimanches que j'appréciais, même si je savais qu’ils étaient éphémères. Puis il y a eu les dimanches où j’attendais lundi et les dimanches où j’attendais vendredi. Mais il y a toujours eu le dimanche.
Aujourd’hui, j’ai oublié qu’on était dimanche.
Tout était parfait. Un long dimanche à se fiancer. Un dimanche où le temps coule vers un samedi, ou vers un lendemain qui n’importe pas. Un lundi, un vendredi, un jour de bonnes ou de mauvaises nouvelles, on s’en fiche. Tout ce qui compte c’est ce dimanche qui n’en ai pas un, un dimanche au goût différent, aux couleurs infinies. Je ne pensais pas que c’était possible, d’oublier qu’on est dimanche. Alors je me dis que c'est peut-être ça le bonheur, ne pas savoir quel jour on est. Se sentir flotter au dessus des heures, voguer sur une semaine qui n’a ni début, ni fin. Être emporté dans un cercle vertueux plutôt que dans un éternel recommencement. Être bercé par ses sentiments qui rendent les jours moins pénibles, l’agréable plus agréable, le désagréable moins désagréable. Une subtilité dans un quotidien.
Je m'endimanche pour l'occasion, mais avec un habit de tous les jours.
Car je n'ai plus envie ni d'éphémère ni de chimère, simplement de nouvelles habitudes. J'ai envie de faire du dimanche le premier jour de la semaine. De ce dimanche un nouveau départ. D'oublier mon rationnel et la norme ISO 8601 qui considère qu'il clôt la semaine. Je préfère m'éblouir, me sentir italien et comme un romain remercier le Sol Invictus pour ce dimanche ensoleillé. Pour cette nouvelle lueur et cette envie de célébrer sa propre résurrection. Et désormais attendre le lundi pour penser à lundi.