Je leur dirai tes maux, Bleue.

Les discours ne parlent pas.
Ils passent, comme Diego, la tempête du jour. Comme Aurore, Bras et Célia, avant elle. Ils laissent quelques dégâts, quelques chocs, quelques souvenirs. Puis se lève un autre jour, plus calme, avec un autre discours. Alors, on oublie. Pourtant les tempêtes n’ont jamais été si fréquentes, si assassines, les beaux discours dans leur sillage. On attend les claques d’Evelyn, Fabio et Georgia, après la sécheresse et les incendies qui réveilleront, dès le printemps, quelques sinistrés.
« Il faut sauver la planète ».
Non, la planète va bien, elle ira bien, elle ira mieux même. Le discours est trompeur alors on se trompe de discours. On ne raconte pas la bonne histoire. Il ne faut pas écouter les mots de l’humanité pour sauver la planète, mais les maux de la planète pour sauver l’humanité. Un dérèglement climatique n’a besoin ni de traduction, ni d’interprétation. Simplement d’une écoute et surtout d’une action.
On se bat pour un pays, on meurt pour un territoire.
On sauve des utopies, la fleur au fusil. Pour nous sauver nous, en revanche, il n’y a personne. On prétend y aller, en faisant un pas en arrière. Battez-vous pour garder le prix du pétrole abordable, battez-vous pour ne pas installer une éolienne sur la route de vos vacances. Mais s’il vous plait, épuisez-vous. Faites que votre imbécilité soit une énergie fossile. Faites que la sécheresse vous sorte la tête de l’eau. Faites qu’un ouragan emporte les possessions qui vous aveuglent.
Je viens de voir la fin du monde.
Une vidéo dans laquelle des employés municipaux teignent les pelouses sèches de la ville à la peinture verte. Pourtant il n’y a pas de quoi complexer, l’herbe n’est pas plus verte ailleurs. L’herbe n’est plus verte nulle part d’ailleurs. Au fond je me demande si nous ne ferions pas mieux de laisser cette planète tranquille. L’utopie n’est-elle finalement pas une planète déshumanisée ?