Le monde est à toi.

Le problème quand on manque d'attache, c'est qu'on ne manque pas d'envie de fuir.
Un jour on se dit qu'il faudrait poser l'ancre, le lendemain on se dit qu'il est temps de la lever. On pourrait dire que c'est un équilibre. Mais il y a des équilibres inutiles, qui ne servent rien ni personne. Comme lorsque l'on accroche une tartine de confiture sur le dos d'un chat, sachant que le chat tombe toujours sur ses pattes et que la tartine tombe toujours du côté confiture. À méditer.
Les faux sportifs partagent la boucle qu'ils ont courue.
Elle se referme toujours, on revient toujours. Les fugitifs n'utilisent pas Nike Running pour partager leur ligne sans lacet. La honte est du côté de ceux qui tracent un chemin, la fierté du côté de ceux qui s'enferment entre des clôtures imaginaires. Je poserais volontiers une barrière, pour le plaisir de la franchir. Sofia, Istanbul, Manille, Stockholm, Berlin, Dallas, Palerme, Kyoto, La Nouvelle-Orléans, San José, Cape Town, Naples, Montreal, sont autant d'identités que je m'imagine avoir. Un fugitif non recherché avec la peur qu'on le trouve.
Je ne sais vraiment pas où je vais.
Comme pour ces quelques lignes que j'écris. Plus je réfléchis, moins j'ai de certitudes. Je ne suis pas particulièrement courageux mais j'ai la légèreté de penser que je n'ai aucune limite. J'ai cette carte sur mon frigo qui dit "Le monde est à toi, Jonathan", accrochée par un magnet du Pérou et un magnet de Las Vegas. Alors je me dis que oui, le monde est à moi, chaque matin avant de casser mes oeufs. Il n'y a rien qui empêche, juste des attaches auxquelles on tient. Mais je sais que partout on peut trouver des sourires, des oeufs brouillés, un bon café, une bonne musique. Les choses simples sont universelles. L'important c'est de les aimer et de savoir où les trouver.