L'insoutenable poids d'avoir.

Quelques lignes m'ont piqué, sans douleur, à la lecture de L'insoutenable légèreté de l'être.
"J'avais fait de la simplicité le principe unificateur de mon existence. J'étais déterminé à ne garder que des choses réduites aux bases essentielles. Quelque part, dans cette formule ascétique et spartiate, se trouvait une bénédiction et je voulais méditer sur le sujet jusqu'à ce que cette bénédiction soit mienne."
Je ne me souviens pas du jour où je n'ai plus supporté le poids de mes possessions.
Mais je me souviens parfaitement des jours où j'ai lu Milan Kundera. Un écho ne passe jamais inaperçu, surtout quand il se passe dans votre tête. Des phrases qui parcourent votre corps jusqu'à prendre possession de vos gestes. Cela s'est passé doucement, sans frustration, sans excitation non plus, mais en pleine conscience. Une évolution naturelle et évidente. Aujourd'hui je ne supporte plus d'avoir. J'ai toujours eu sans savoir être. Je l'écris d'ailleurs sur avoir-être, une URL plus pragmatique que celle de votre navigateur à cet instant.
Avant de rendre mon être léger, j'ai encore du chemin à parcourir.
Quant à rendre cette légèreté insoutenable, je ne connais pas encore la route à prendre. Je sais pour l'instant que me défaire de ce que je possède est le seul moyen d'être moi, de profiter de ce que je suis, de grandir. De m'élever en lâchant du leste, l'inutilité des objets est si lourde. Le seul poids que je garde est celui de mon futon et des tatamis qui le soutiennent. Ma vie entière sera désormais mobile, au centre d'une idéale méditation.
Nous devrions tous nous libérer.
Notre course matérielle nous tue. L'inutile nous abonde plus que jamais alors que l'essentiel vient à manquer. La gravité empêche toute légèreté, il faut radicalement changer pour retrouver la frivolité. Notre espèce invasive doit ouvrir les bras et profiter de ce qu'on lui prête, plutôt que de fermer les bras pour serrer une possession éphémère. Il faut ouvrir les yeux, regarder vers nos pieds et comprendre que l'on ne sert que le néant.