Lost & Found.

Nul besoin de regarder les infos pour me perdre cette semaine.
Rien que dans ma tête, j'ai l'impression d'avoir des milliers de sujets à traiter. D'abord ce que j'ai à faire dans la minute, puis dans la journée, puis dans la semaine, puis dans le mois, puis dans les trois mois, puis dans les six mois, puis dans l'année. Je passe ensuite à ce que je dois faire de ma vie, sans palier intermédiaire. Je monte, puis descends, puis remonte, puis redescends cet escalier plusieurs fois par jour. C'est bon pour le coeur et les jambes, moins pour le mental. Je fuis en avant, puis en arrière, en sautant finalement le présent, comme le mal d'une génération. Lostinrepeat.
C'est finalement pour cela que je suis dépendant de l'actualité.
C'est la seule réalité du moment. Sauf que je ne vois rien qui donne envie de s'y attarder, tout pousse une nouvelle fois à fermer les yeux ou à regarder ailleurs, passé ou futur. Mais je dois bien être bloqué quelque part car je deviens sénile à me répéter ici et à scroller sur franceinfo le fil d'actualité, à la recherche d'une seule bonne nouvelle. J'ai même réussi à mélanger tout ça dans mon roman, passé, présent et futur dans la voix d'un enfant nostalgique qui s'accroche désespérément à des mirages. Lostinimagination.
Mais c'est bien quand j'écris que tout devient paisible.
Simplement binaire. Du noir à poser sur du blanc. L'escalier est plus accessible, la marche est faible, la pente est douce, pas à pas vers un nouvel étage. Je pense d'abord au mot suivant, puis à la phrase suivante, puis au paragraphe suivant, puis au chapitre suivant. Je ne vais pas au-delà, l'histoire s'écrit ainsi, parfois sans fin. Et si besoin, je peux revenir en arrière, corriger, adapter, manipuler maintenant que je connais désormais la suite. Je suis Terminator. Il n'est plus question de fuite en avant, il s'agit de jouer différents scénarios, de rejouer plusieurs fois la partie, de créer un Truman Show sans caméra.
J'efface aussi.
Parfois à contre-coeur, parfois en deux-temps, parfois en cachant des mots, des idées, des souvenirs, dans une corbeille que l'on peur restaurer au besoin, comme un eternal sunshine of a spotless mind. Et puis j'ai toujours WordArt pour m'amuser si la page est blanche, ou une galerie de photos souvenirs à parcourir pour combler les espaces vides. Et parfois j'écris n'importe quoi, sans calcul, sans actualité, sans escalier, la tête au repos pour un simple dimanche à traverser.