2 min read

Mes amitiés.

Une vingtaine de fumeurs est agglutinée sur le balcon du dessus. Peut-être célèbrent-ils la vie après Ciaran. Peu importe, à vrai dire, je m'en fiche pas mal.
Mes amitiés.
Photo by Jossuha Théophile / Unsplash

Une vingtaine de fumeurs est agglutinée sur le balcon du dessus.

Peut-être célèbrent-ils la vie après Ciaran. Peu importe, à vrai dire, je m'en fiche pas mal. Je cuisine quand les voisins font l'amour, je dors quand ils font la fête, il y a plus d'un étage entre nous. J'enfonce mes boules quies car je ne veux pas entendre quand l'un d'entre eux tombera du quatrième étage. Je sais, c'est absurde, mais c'est à ça que je pense. Les amitiés sont si vite brisées, parfois simplement par une mauvaise chute.

En attendant, je suis bien mieux, sous ma couette.

Il ne me manque que mon masque de sommeil, mais je l'ai oublié dans la valise. On ne peut pas toujours tout avoir. Mais j'ai tout ce qu'il me faut pour célébrer mes amitiés sans avoir à prendre la pluie, le vent et la fumée sur un balcon breton qui se fait piétiner sans rien dire. C'est l'avantage d'avoir des amis aux quatre coins du monde, on a de la place pour respirer. Je ferme les yeux et je commence à relier tous ces amis les uns aux autres, une toile bien tissée et un un réseau impossible à démanteler. Certains fils rouges n'ont d'ailleurs aucun point commun, et des points au lieu identique n'ont aucun lien entre eux. Les amitiés sont parfois de belles énigmes, créées simplement par des points de chute.

Je pense aux 400 coups, j'ai de quoi rêver.

De quoi dormir paisiblement jusqu'à ce que les pieds au-dessus se soient lassés. Au réveil, je n'aurais ni clichés à poster, ni de coups de fils à passer. Car mes amitiés ont depuis longtemps sauté par dessus le balcon. Elles sont répandues partout où je regarde, jusque dans ma tasse de café. Nul besoin d'expression ou d'exagération, le souvenir d'une bonne tape dans le dos suffit à me faire avancer. S'il n'y a rien à signaler, c'est que la voie est libre. Et peu importe où l'on se trouve, on se tombera dessus quand il faudra. Et même eux, au-dessus, si le balcon venait à s'effondrer, ils tomberaient probablement sur le mien. Ce serait une sacrée chance, le genre de souvenir qui cimente une nouvelle amitié. Car, comme disait Roland Topor, finalement, on reconnaît les histoires vraies à ce qu'elles n'ont pas de chute.