Mettre un bras dans le tordeur*.

On fait le bilan, après je vous explique.
Deux nouvelles inscriptions ! On souhaite chaleureusement la bienvenue à Mélanie et Vanessa, tirées ici malgré elles par une soeur commune qui n'a pas de compte Paypal. Pas de désinscription ! J'en conclue que le blog contribue, au moins avec un petit c. On est donc sur l'électrocardiogramme d'un trentenaire mort, dont un nerf a reçu un ultime afflux de sang. En revanche, même avec des abonnés, j'ai eu la triste révélation que le blog n'avait pas de lecteurs. Ce n'est pas faute de souhaiter "une bonne lecture ;)" à certains. En effet, personne n'a repéré que Graal ne s'écrivait pas en trois, ni en quatre, mais en cinq lettres. Moi non plus, et pourtant j'ai relu plusieurs fois pour le compte de ceux qui ne liraient pas. L'autre conclusion, c'est donc qu'il est temps de prendre des vacances. Et ça tombe bien, dans une heure on remonte le temps, direction Montréal. C'est officiellement mes premières vacances depuis Noël 2018. Les autres n'ont été que des occasions de changer d'arrière-plan pour mes réunions, d'aggraver ma cyphose, vouté sur l'ordinateur, le dos mal installé sur une chaise de cuisine. Surtout du temps de Kab'inn, malgré le slogan, il m'était impossible de déconnecter (car c'était mon projet !!!). J'avais l'impression qu'une journée sans travailler c'était une journée à m'éloigner du succès. Sauf que, pour l'instant, ce dernier est encore loin, et grâce au décalage horaire, je ne vais pas trop perdre de temps.
Le programme est alléchant.
On a pris l'option mer avec kayak et bélugas, plutôt que l'option terre avec accrobranche et incendies. On a tout de même prévu deux tiny houses, il faut bien rester en veille. Pour le reste, ça va dépendre de mon pied, encore convalescent après sa torsion campagnarde, de mon genou, gonflé après avoir cogné contre le coin du lavabo (en faisant une traction, car j'ai installé une barre dans la salle de bain, bien sûr), et de mon niveau de fatigue, car en ce moment j'ai du mal à dormir. Je m'endors comme un bébé mais je me réveille en pleine nuit comme un coké. Ça m'a donné le temps de développer une théorie du complot : que le café dans le déca n'est pas décaféiné ! Car, comme tout fan de placebo, je bois mon petit déca chaque soir depuis quelques temps, pour faire dégonfler (mon ventre, pas mon genou). Et il semblerait qu'il veuille me tirer sur une piste de danse à l'heure de fermeture des boîtes de nuit, avec l'effet d'une inscription au blog sur le nerf d'un trentenaire mort. Et, plutôt que de me dire que tout ça c'est dans ma tête, que peut-être qu'en fait j'ai peur d'être en vacances, je préfère imaginer le gars qui ricane en mettant du café normal dans un paquet de déca en se disant "Au diable !".
Vous avez bien lu.
J'ai peur d'être en vacances. Je suis plus à l'aise en perdition qu'en permission. J'ai peur que rien n'avance sans moi, j'ai peur que tout avance sans moi. Pourtant son bug dans un outil de scoring ne vaut pas sa joie dans une croisière aux baleines. J'espère qu'en réalité, je n'ai pas peur, mais hâte. Hâte de regarder l'horizon depuis l'Anse Saint-Jean, même si on n'y verra pas revenir l'expédition du Titan, perdue aux côtés du Titanic. Hâte de vivre ce que je prône avec Kab'inn, depuis la tiny house d'un concurrent. Hâte de réaliser que si demain j'ai besoin de plus de temps dans ma journée, il me suffit de prendre un avion pour l'Amérique le soir (sans penser au bilan carbone). Hâte de voir que le béluga de mon histoire est un vrai béluga et pas un poisson rouge albinos. Hâte qu'avec ces premières vacances je mette le bras dans un nouveau tordeur. Je file. Bon matin !
* Mettre un bras dans le tordeur : signifie, en Québécois, être embarqué dans une situation que l'on ne maîtrise pas et dont on ne peut plus sortir. C'est l'équivalent d'une autre expression : mettre le doigt dans l'engrenage.