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Mish-mash.

L'antidote du dimanche, le brunch bulgare, le bb. Des oeufs, du fromage, des poivrons, des oignons, et on brouille. On brouille, on brouille, on brouille pour se débarbouiller.
Mish-mash.
Arc de Triomphe, Photo by Noah Rosenfield / Unsplash

L'antidote du dimanche, le brunch bulgare, le bb.

Des oeufs, du fromage, des poivrons, des oignons, et on brouille. On brouille, on brouille, on brouille pour se débarbouiller, on mélange tout sans réfléchir pour se remettre la tête, le foie et l'estomac en place. C'est ce dont j'ai besoin, que le mélange d'idées, de sentiments et de sensations qui perturbent l'ensemble de mon système trouvent un sens, même embrouillés. J'ai des post-its plein la tête, des bouts de quelques choses qui ne collent plus mais qui restent coincés, des messages estompés, des papiers mâchés, chiffonnés, prêts à se transformer en caillots à tout moment pour mettre la matrice à l'arrêt.

À l'arrêt, c'est l'idéal.

Mais c'est un carrefour, la place de l'Étoile que j'ai devant. Huit voies, douze sorties possibles, six-cent-cinquante-mille pavés. Le Triomphe est inatteignable, ça se bastone et ça klaxonne dans tous les sens entre lui et moi, je me ferais percuter à la moindre tentative de foncer droit. Je dois suivre la foule, faire comme tout le monde, un électron non-libre parmi tant d'autres, qui tourne autour du noyau sans ne jamais le toucher, dans un cercle vicieux infini. Si je sors, c'est fini, je m'éloigne, direction l'inconnu à regarder le triomphe dans le rétro, sans marche arrière possible car d'autres te tapent au cul, veulent prendre ta place, te passer devant ou te mettre hors-circuit. Impossible de savoir si une route vaut mieux qu'une autre sans y laisser une partie de sa peau.

Il était plus simple ce Carrefour.

Celui de mes dix-sept ans, de mon premier job. Celui où je débarquais le vendredi soir après les cours en Magnum Racing XR, prêt à enfiler ma blouse rouge, ma toque blanche et mes chaussures de sécurité taille 45. Prêt à en découdre avec les amoureux du camembert et les accros du maroilles, prêt à découper tous types de pâtes avec mes couteaux aiguisés, prêt à trancher quatre cents grammes de raclette fumée en moins de dix secondes. Et surtout, impatient d'empocher mes quatre cents euros à la fin du mois. Chaque bulletin de salaire était un pas de plus vers les étoiles, un seul objectif, les Champs pour triompher un jour sur le toit de leur Arc. Je me suis débrouillé, mais finalement, les Champs Élysées, j'ai pas aimé. Ce matin je suis encore un brouillon, une esquisse de ratés et de ratures qui, heureusement, commence quand même à ressembler à quelque chose. J'ouvre le frigo, je sors les oeufs, plutôt qu'un mish-mash, partons plutôt sur une omelette baveuse et sans bavure, j'ai plus envie de tout mélanger.