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Music you're a star.

Dix ans que je suis abonné Spotify. Noces d'étain. Une relation sans embûche, plaisir tarifé, du réconfort au quotidien pour un total de 1 200 euros.
Music you're a star.
Photo by D A V I D S O N L U N A / Unsplash

Dix ans que je suis abonné Spotify.

Noces d'étain. Une relation sans embûche, plaisir tarifé, du réconfort au quotidien pour un total de 1 200 euros. Ça les vaut. Des milliers d'heures d'écoute pour m'accoiser, des milliers de morceaux joués pour me réjouir, des milliers de voix pour enfin me taire. Car, pour une fois, je ne suis pas jaloux, pour une fois, je ne me dis pas ça pourrait être moi. Si je prétends parfois découvrir de futurs talents musicaux c'est bien parce que j'assume que j'en n'aurai jamais. Avec 23 abonnés à mes 128 playlists, mon compte Spotify a un ratio assez proche de mon blog, comprendre assez mauvais. Aurais-je mauvais goût ? Je n'ai pourtant "que" trois morceaux de JuL dans mes 10000 chansons sauvegardées.

Les musiques font les films, les films font les musiques.

Chanson douce est une chanson, puis un roman, puis un film. J'ai écouté Niagara pour écrire mes pages, pendant que les champs brûlent sur la première. La chaîne hifi et Nostalgie ne brisent plus les silences depuis le haut du buffet, il faut désormais chercher l'inspiration dématérialisée, parfois laisser JuL débloquer les idées par vocodeur. Il faut voir plus loin, espérer que Taylor Swift influence les votes et décale de quatre ans la fin du monde. Il nous faut un nouveau We Are The World, mais sans Michael Jackson qui chante we are the children. Apaiser, apaiser, apaiser, apaiser. Une mélodie planétaire, un refrain désarmant, que des brass bands qui défilent sur les Champs Élysées le 14 juillet.

Kalkbrenner fait des morceaux avec le bruit du métro de Berlin.

Mais personne ne fait de morceaux avec le bruit des bombes, peu importe où elles tombent. Les bombes font des morceaux, certains viennent de chanteurs, d'autres de musiciens, encore d'autres d'abonnés Spotify. On se dématérialise mais on se militarise. Si seulement Vladimir ou Benjamin avaient écouté plus de Spice Girls ou de Barbie Girl, ils auraient compris l'ironie des Fatal Bazooka. Les instruments traditionnels calédoniens sont le bambou pilonnant, la flûte de roseau et la guimbarde, avec ça on a de quoi organiser un concert pour la paix. Urban Peace avait embrasé le Stade France en 2002, on en est loin mais je l'ai enregistré quelque part, sur une de mes cassettes. Heureusement, car l'album Urban Peace sur Spotify date de 2013 et commence par GIMS, Spotify me trompe !