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Nos jours heureux.

Tout n'est pas rose, Edith Piaf est partie, Edith Cresson n'est pas restée. Nous avons Elisabeth Borne, il y a plus coloré.
Nos jours heureux.
Les Députés NUPES avant l'annonce du 49-3 à l'Assemblée Nationale, le 16 mars 2023. @LeMonde

Tout n'est pas rose, Edith Piaf est partie, Edith Cresson n'est pas restée.

Nous avons Elisabeth Borne, il y a plus coloré. Elle a trop d'ombres, la faute à l'omniprésence de la super Présidence. Je ne vois rien de plus lumineux à venir, je n'ai pas vécu les Trente Glorieuses et je me prépare aux Trente Piteuses jusqu'à atteindre le nombre idéal de trimestres. J'imagine encore dix réformes du système de retraite jusqu'à sa disparition, j'espère avant la mienne. À vrai dire, je ne me sens même pas concerné, je n'y ai jamais cru.

Mais je comprends l'opposition, l'énervement, il y a tant d'anomalies, de démesures et de faiblesses.

Tout se mélange, plus rien a de sens. On brandit loin de la réalité des articles et leurs alinéas face des pancartes à l'envers dans une Chambre Basse aux allures de bassecour. Pendant ce temps là la Chambre Haute ronfle et la société ne trouve plus le sommeil. Pourquoi se battre exactement ? Pour l'utopie d'une retraite au paradis après une vie de calvaire ? On sait très bien que ça ne peut pas exister. Les contradictions n'ont leur place qu'en politique. J'admire sincèrement la rage qui anime les jeunes, mais pourquoi ne pas battre le pavé pour un bel avenir plutôt que pour une belle retraite ? Ce qu'il se passe avant le pot de départ, on en fait quelque chose ou on procrastine en attendant de porter une couche pour enfin se laisser aller ?

Je sais qu'on a plus d'attaque, on est désarmé, on censure nos propres motions.

On se fatigue en défense alors qu'on a le ballon dans les mains. Mais on est dans manchots souffrant d'Alzheimer et de Parkinson. On est anti-majorité, anti-minorité, on a nulle part où aller, gauche et droite n'ont plus de signification. Je fais partie des résignés, Leïla a commencé son bilan de compétences et la Présidence semble s'éloigner. Alors je regarde ailleurs, plus loin, de l'autre côté des frontières. Du côté de ceux qui travaillent toujours à 67 ans, qui nous envient. Qui suivent nos débats, écoutent nos voix fortes. Ils sont démunis et nous pensent unis, capables de tout renverser. Mais les révolutions sont vieilles, les convictions personnelles et les aspirations collectives trop jeunes.

Je suis minimaliste, j'ai juste envie d'être en vie à 64 ans.

Vraiment. J'ai envie de tout faire pour me dire que j'ai eu une belle vie, pas une belle retraite. On verra les options que j'ai si je ne suis pas sénile. Pour l'instant je pense plutôt à l'autre face de la pièce. Il faut rendre nos travails heureux, changer ce qui détruit nos années actives. Celles qui doivent être les plus belles années. Je ne peux pas accepter d'en chier plus de quarante ans en me disant que j'en profiterais ensuite. J'en ai ni la force ni l'imagination. Quitte à être utopiste, autant s'imaginer un système où les métiers sont beaux, où les métiers inutiles disparaissent en même temps que les burnouts, où les métiers physiques sont ralentis et assistés, où les métiers psychiques laissent le temps de respirer. Où chacun trouve sa place, où chaque place trouve sa raison d'être. On doit radicalement changer d'état d'esprit et si vraiment cette semaine est un nouvel élan, voyons plus loin que la retraite.