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Ode à la joie.

"Pourquoi fabriquer en Bulgarie ?" Je reprends le fil. Parce que la Bulgarie est en Europe.
Ode à la joie.
Photo by Oliver Cole / Unsplash

"Pourquoi fabriquer en Bulgarie ?"

Je reprends le fil de la question que l’on m’a le plus posée. Parce que la Bulgarie est en Europe. Parce que j'ai grandi avec la construction européenne. Parce que je suis avant tout un citoyen européen. Parce que je l'ai beaucoup parcouru ce continent. Parce que je n'y ai pas vu de frontières, parce que j'y vois que des frères. Parce que l'Europe m'a offert des opportunités. Parce que la Bulgarie m'a accueillie, m'a donné, m'a fait grandir. Parce que j'y ai vécu une belle partie de ma vie. Parce que j'y ai construit de grandes amitiés. Parce que les bulgares peuvent être tout aussi adorables ou tout aussi cons que les français. Parce qu'ils méritent tout autant d'avoir un travail, de gagner leur vie, de vivre en paix. Parce qu'ils ont un savoir-faire que je n'ai pas. Parce que les matériaux nécessaires pour la fabrication se trouvaient à côté, chez nos cousins turcs, grecs, roumains, russes mêmes. Mes maisons étaient ainsi une grande fête des voisins, une hymne à l'amour, une ode à la joie.

"Pourquoi ne pas avoir tout de même préféré la France ?"

Parce que je ne préfère pas être français. Parce que je ne comprends pas la préférence nationale. Parce que je ne supporte pas de sous-entendre que le français est mieux que l'autre. Parce que je n'aime pas les relents nationalistes. Parce que je n'aime pas la fourberie, le "fini en France" qu'on appelle "le made in France", le "made in France" à partir de bois issu de forêts françaises (dans le meilleur des cas), transformé en Chine puis réimporté pour y mettre trois clous et une couche d'huile. Parce que je n'aime pas qu'on se foute de ma gueule. Parce que je préfère la transparence qui se justifie plutôt que les pratiques cachées derrière un drapeau bleu-blanc-rouge. Mais si cela est important, mes maisons sont "conçues par un français", le pire, c'est que cela est en effet important. En revanche, j'étais en Italie quand l'idée s'est concrétisée, cela va me porter préjudice.

Ode à l'espoir.

Cette semaine, je vois le verre à moitié plein. À la fête des voisins, j’espère bientôt pouvoir le lever, pour trinquer dans toutes les langues. Faire ce que tout le monde aime toujours faire, de la Manche à la Mer Noire : _ Comment on dit chez toi déjà ? _ Prost. _ Ah oui, Prost alors ! _ Et chez toi ? Nazdrave. _ Ah oui, Nazdrave ! _ Salut ! _ Ah non, c'est les italiens qui disent Salute, nous c'est Santé ! Ou Tchin-Tchin ! Ils sont beaux ces apéros européens qui donnent la gueule de bois aux nationalistes. Un verre à l'amitié, un verre à la solidarité, un verre à la tolérance, un verre à la résilience. Nous partageons les mêmes valeurs, les mêmes aspirations, les mêmes rêves. Nous sommes capables de nous comprendre, j'en suis témoin. Aujourd'hui contre, mais c'est mieux que rien. Pour demain, naturellement, être ensemble, pour. Aux générations qui trinquent, aux générations Tchin-Tchin.