On the fly.

Quand on est dans la lune, on écrit moins.
Quand on a la tête dans les étoiles, on écrit dans nos têtes. Quand on est sur la route, nous ne sommes pas tous Jack Kerouac. J’ai perdu le fil. À vrai dire, je l’ai volontairement laissé filer. Je me suis laissé porter par les vagues de la Méditerranée, clémentes avec moi. J’écris ainsi au compte-gouttes, on the fly. Je suis d’ailleurs en vol vers une nouvelle destination.
Je prends le temps, j’aspire, m’inspire, mes yeux découvrent du neuf dans ces villes anciennes.
Ils font défiler de belles images pour les archiver en beaux souvenirs une fois fermés. Ils créent des petits dossiers qui s’enrichissent. Ce sont ces cultures qui cultivent mon jardin. L’ancien s’écrit en nouvelles. Il y a tant à découvrir et donc à écrire, même si parfois il faut simplement observer et délicatement savourer. Comme ce bon café dont je parlais que l’on trouve toujours quand on sait le chercher. On se rend alors compte que l'on ne soupçonne finalement rien. Notre monde et le monde sont deux choses sans rapport, pourtant on essaie en vain de les associer toute une vie. Il n’y a aucun fil, on passe comme cet avion pour la Sicile. Nos chemtrails sont éphémères, en rien une route que l’on a construite.
Quand je ne me pose pas et ne pose rien sur la feuille, je mélange trop les couleurs.
J’emmêle les pinceaux, sans stylo à la main. Tout est abstrait. Beau peut-être. Ou peut-être pas. À chacun de juger la fresque sans queue ni tête que j’essaie d’assembler. Quand les Phéniciens ont posé sur Palerme la première pierre, avaient-ils imaginé la majestueuse qui s’est construite en millénaires ? Quand Spinnato a ouvert son café sur la Via Principe di Belmonte, avait-il prévu d'offrir 160 ans plus tard son espresso et son cannolo à un vagabond qui cherche ses mots ? Rien de tout ça n'était écrit, l'Histoire s'est réalisée par hasard. Nous sommes nés pour lui rendre hommage plus que pour écrire une nouvelle page.