Po, popo, popo, pollens.

Parfois, quand tu n'es plus capable de réfléchir, le sujet vient à toi.
D'un coup, d'une droite dans le nez, qui te fait pleurer. Comme une bonne allergie aux pollens. Il aura fallu attendre mes trente-cinq ans pour ajouter le rhume des foins à ma panoplie de handicaps. J'attends le rhume des hanches, même si je marche déjà comme un papy depuis que je me suis tordu la cheville dans un sentier il y a deux semaines. Je faisais de la marche rapide, mais je n'avais pas pris les bâtons. Imbécile ! Donc me voilà à me réjouir du beau temps, bien enfermé. Si j'ouvre la fenêtre et respire profondément ce bonheur, je suis puni de trente minutes d'éternuements, de larmes, de gémissements et de plaintes. À vue de nez (puisque c'est à peu près comme ça que je vois en ce moment), la plaquette d'antihistaminiques paraît bien trop petite. Quant au spray nasal "à utiliser dès le début de la réaction allergique" avec interdiction d'éternuer ou de se moucher ensuite, il est évident que celui ou celle qui l'a inventé n'a pas d'allergie aux graminées.
Bref, je ne retiens pas mes éternuements au risque d'ajouter une gorge déchirée, un tympan percé ou une rupture d'anévrisme à mes actifs.
Je vous le dis le nez bouché : ne réprimez plus vos éternuements ! Surtout qu'avec 20% de la population allergique aux pollens et les postillons d'un éternuement qui peuvent sortir à une vitesse de 160 km/h pour atteindre une distance de 8,20 mètres, on a de quoi ajouter une nouvelle discipline aux prochains Jeux Olympiques. Ça tomberait bien, je n'ai que ça à faire, m'entrainer à éternuer. Je ne pouvais déjà plus courir, maintenant je ne peux plus sortir. C'est le retour du confinement, faudrait d'ailleurs peut-être que je remette le masque, tout simplement. Parce que les médicaments, eux, sont à prendre le soir car ils font dormir. Sauf qu'en ce moment, c'est la pleine lune, vraiment pas de chance. Ah oui, j'écris par anticipation car je ne peux garder les yeux ouverts que quelques minutes d'affilées. Pas évident d'écrire quand on a l'impression d'avoir la tête dans un cul remplit de gaz et qu'on n'a pas de lunettes.
Il faudrait une chute des températures ou une vraie pluie pour soulager les effets.
Mais on va plutôt dans la direction inverse. Heureusement, les allergies aux graminées s'arrêtent normalement en juillet, ensuite c'est la canicule qui prend le relais. La nature est vraiment bien faite, elle s'est comment s'y prendre pour nous faire comprendre qu'il est temps qu'on s'en aille. La nature est intelligente, mais malheureusement l'humain est bête. C'est pourquoi, sur proposition de Jupiter, les planètes du Système Solaire se sont lancées dans un jeu appelé Les Douze Travaux d'Hercule, avec des challenges tous les mois pour ses petits habitants. C'est un peu les JO de la Galaxie, chacun son échelle. La planète hôte change à chaque millénaire, mais toutes les organisatrices jusqu'à présent y sont allées un peu fort et tous les participants sont morts. C'est désormais au tour de la Terre. Il faut s'imaginer les planètes posées, tranquilles, en lévitation, petites lunettes, soleil braqué sur nous, à nous voir souffrir en mangeant des miettes d'astéroïdes. J'imagine que c'est parfois un peu ennuyant de regarder Interpays (oui, la version terrienne du jeu galactique, l'équivalent d'Intervilles à l'échelle de la Terre, avec le même niveau de beaufitude), alors il faut quelques blagues ou gages pour faire passer le temps et c'est comme ça qu'on se retrouve avec des petits tremblements de terre ou des inondations soudaines par-ci par-là. Et en parlant de blague, la semaine dernière, il y a Mars qui dit à Vénus : "Tu sais comment ils ont prévu de s'en sortir en France ? Tu sais, le petit pays là, qui se prend pour le centre du Monde. Et ben son gouvernement a trouvé la solution : il a lancé une grande consultation pour répondre à la question Comment vivre à la fin du siècle avec quatre degrés de plus ?". Fou rire général dans la voie lactée.