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Priorité à droite.

Elle avait déjà envahit nos communes. À coups de marquages au sol, de panneaux clignotants, de coups de klaxons et d'ailes gauches enfoncées.
Priorité à droite.
Photo by Andrii Motygullin / Unsplash

Elle avait déjà envahit nos communes.

À coups de marquages au sol, de panneaux clignotants, de coups de klaxons et d'ailes gauches enfoncées. Dans le but de faire ralentir, on stoppe la marche commune sur l'Avenue de la République pour laisser passer devant l'unique propriétaire au permis de construire douteux de l'Impasse des Républicains, sur la droite. Ce matin, pas d'accident, on rouspète mais on s'arrête. On pense à écrire à Monsieur le Maire pour lui dire d'ajouter un panneau "Attention Danger" car le conducteur de l'impasse ne regarde jamais à gauche avant de prendre son virage à droite, dans un crissement de pneus. Sauf que c'est lui qui habite l'immense pavillon. Des priorités à droite, il en a mis partout, il ne supporte pas les ronds-points, ralentir pour regarder à gauche lui fait mal au cou. Il ne veut pas avoir à freiner, déjà que c'est limité à 50 et lui fait en plus l'effort de rouler à 47, son numéro porte-bonheur.

Mais c'est aujourd'hui la journée mondiale sans voiture.

Qui sera sans aucun doute respectée. On attend donc tous les ministres à vélo pour les passations de pouvoir, avec tout de même les policiers de Pacific Blue derrière pour assurer la sécurité, bien entendu. Un dimanche champêtre avec le pique-nique dans le panier, on peut attendre une journée de plus avant de se mettre au travail. Un long dimanche de fiançailles, une déclaration d'amour du centre à la droite lors de laquelle, sur les perrons de chaque ministère, on va se passer la bague au doigt devant les photographes. Fini de se cacher, Laurence Garnier n'a pas eu le choix que d'accepter le Mariage pour tous, pas de raison qu'elle n'en profite pas elle aussi après tout. Et si quelqu'un s'y oppose, c'est pas parce que Bruno Retailleau portera un cycliste aujourd'hui qu'il ne pourra pas ordonner un tir de Flash-Ball car le dimanche, c'est aussi pour s'amuser avec son nouveau joujou.

Ce dimanche, on aurait surtout envie de pleurer.

Mais il vaut mieux en rire, et je remercie David Caviglioli pour son petit billet d'humour (1) que je me permets ici de partager :

Constitution

Article Premier
La France est une République de droite. Elle est indivisible, laïque, démocratique et sociale. Et de droite.

Article 2
La devise de la République est "Liberté, Égalité, Fraternité". Son principe est : gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple, mais par la droite.

Article 3
La souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants de droite. Le suffrage est universel, égal et secret, et il débouche invariablement sur la mise en oeuvre d'une politique de droite.

Article 4
Le président de la République assure, par son arbitrage, la victoire de la droite.
En cas de victoire de la gauche, il s'arrange pour trouver un moyen de faire quand même gagner la droite. Il doit le faire dans un délai d'autant de jours qu'il le veut.

Article 5
Le président de la République nomme le Premier ministre. Le Premier ministre est de droite. Tout le monde, globalement, est de droite. Si quelqu'un n'est pas de droite, il est exclu de l'arc républicain, ou de tout autre objet imaginaire fantaisiste pensé par la droite pour assurer la domination sans partage de la droite.

Article 6
On insiste là-dessus, au cas où il y aurait une ambiguïté : l'objectif est que le pays soit éternellement gouverné par la droite.

Article 7
Le gouvernement détermine et conduit la politique de la Nation. Cette politique est de gauche. On plaisante évidemment. Elle est de droite. Le gouvernement est responsable devant l'extrême droite.

Article 8
Le Parlement vote les lois de droite et contrôle l'action du gouvernement, veillant à ce qu'elle soit de droite. Il vote les lois des finances dans les conditions prévues par la droite.

Article 9
Les députés à l'Assemblée nationale, dont le nombre ne peut excéder cinq cent soixante-dix-sept, sont élus au suffrage universel direct, mais quel que soit le résultat du suffrage, on considère que le Parlement est de droite, ou qu'il "penche à droite", ou que "son centre de gravité est à droite", ou toute expression qui justifie de mener une politique de droite.
Si toutefois la droite perd les élections législatives d'une façon trop évidente, par exemple en se faisant pitoyablement écraser dans les urnes, alors dans ce cas, et dans ce cas seulement... et bien ça ne change rien évidemment, on reste à droite.

(1) Le Nouvel Obs 19/09/2024