Prochaine sortie : Rennes.

Il a suffit que je parle bien de Paris dans deux phrases sur le Bouillon, pour que ça se retourne contre moi.
Depuis quelques jours, des parisiens font du camping près de chez moi. Enfin, prétendent faire du camping : tous leurs vêtements sont parfaitement repassés, suspendus à des cintres et ordonnés par couleur, à l'arrière de leur Mercedes. C'est donc pour accrocher leur collection printemps/été que les parisiens voyagent en voiture. Car, si Salinger se demandait où vont les canards de Central Park l'hiver quand le lac est gelé, moi je me demande toujours pourquoi les parisiens viennent en voiture en Bretagne, quand bien même ils ne savent pas conduire à la campagne. Même un centenaire breton, sous forte emprise de l'alcool, conduit mieux. Même la nuit et tout, comme dirait Salinger. Les parisiens, ils me tuent.
Du coup, quand tu es à la pointe de la Bretagne, ça demande un temps fou de partir, à 60 derrière un 75 sur la Nationale.
Heureusement que, dans les bourgs, ils accélèrent à 80, car ce sont les seules portions de route où il y a des marquages. La bonne nouvelle dans tout ça, c’est que je m’arrête à Rennes. Oui, je me moque des parisiens car je n'ai pas prévu d'aller me perdre et me faire insulter sur le Périph. J'ai prévu de sortir dès la Rocade. Ainsi, j’ai laissé les poules au milieu du verger, j’ai mis le code du cadenas du cabanon sur 287 (il s’ouvre à 187), j’ai pris mes plantes et j’ai souhaité à ma tiny-house de prendre soin d’elle-même pendant mon absence. La clé est toujours sur le chauffe-eau dans le local technique, si quelqu’un veut lui tenir compagnie. La tondeuse, elle, est dans le cabanon.
Car oui, je pars encore.
Mais, cette fois, j’ai troqué mon habit de trentenaire en perdition pour celui d’un trentenaire en rémission. Je continuerai néanmoins de me plaindre chaque dimanche. Ce sera juste avant le brunch et ma balade à vélo le long de la Vilaine, direction la brocante. Avec des parisiens, très certainement. Pour bien les distinguer des parisiens qui parlent en arrondissements, je les appellerai les Bretons du Covid. Ils ont de breton au moins d'avoir compris qu'on était pas si mal en Bretagne, certains l'ont même compris avant moi. Alors, comme eux, j'ai repris l'offre Fibre Sosh, souscrit à une électricité "verte et locale", créé mon dossier client auprès de la SPL Eau du Bassin Rennais. Il me reste à transférer mon abonnement à la salle de sport, souscrire au réseau STAR, puis à arpenter la capitale bretonne dans cette énième vie qui sent bon la galette-saucisse version street food. Sans rancune les parisiens, on se retrouve au bistrot à Saint-Germain. De Rennes, pas des-Prés. Là où la pinte est au prix du demi de Paris.