Sans arrêt, sans muguet.

J'écris jeudi.
Je ne suis pas d'humeur à fêter le Travail, ce gros enc*** ne le mérite pas. Moi en revanche, je mérite d'être grossier, je suis malade. Mes sinus sont pleins des merdes que j'accumule dans ce travail magnifique. Vingt-quatre heures de fête et un feu d'artifice ne suffiront pas à tout faire sortir, alors j'en prends pour la semaine, histoire de souffrir davantage. "Get some sleep", me disait Kevin hier, après mon rapport. Sourire. L'amabilité est à son comble en ce milieu de semaine, loin de son "This can't ever happen again" de lundi, du temps des menaces sans conséquences, malheureusement. Le pauvre Kevin est sous contrat, et moi aussi.
Ne pas travailler pour fêter le travail, donc.
Sur le principe, ne pas travailler, oui. Mais évidemment, aux États-Unis, d'où vient le Labor Day du 1er mai, on le fête désormais en Septembre. Tant pis pour le brin de muguet et le barbecue. Et puis je n'ai pas le temps de me reposer, j'ai ma déclaration d'impôts à remplir. Entre le PACS, les déménagements, la micro-entreprise au versement libératoire forfaitaire passée au régime réel de la déclaration contrôlée, le contrat salarié et les mini-investissements partiellement déductibles, elle risque d'être compliquée. Si seulement le burn-out était déductible lui aussi, car mes heures supplémentaires, elles, ne sont pas comptées.
Quinze lignes.
Et j'ai le nez qui coule, la gorge qui brûle, les yeux qui piquent. Bonne fête. Vive le travail. Et le capital, bien sûr, l'un ne va pas sans l'autre. Philippe Poutou l'a bien compris, alors il a décidé d'ouvrir une librairie, à Bordeaux. Voilà qu'il va devenir mon modèle de reconversion. Lui aime lire et moi j'aime écrire, je le cite d'ailleurs souvent dans ma tentative de roman, alors faudrait qu'on parle, qu'il m'explique comment il arrive à toujours garder le sourire et les illusions. Il va désormais être heureux de fêter son travail. Je suis admiratif, mais étant malade, la force me manque pour oser faire comme Poutou, comme je n'avais pas osé Poutou à la Présidentielle. Qu'il me pardonne.