Si c'est perdu, c'est perdu.

Être perdu c'est avoir la certitude d'au moins une chose : ne pas être seul avec une boussole qui ne montre plus le Nord.
Nous avons ôté les masques. Nous avons retrouvé des visages avec un nez, une bouche, une barbe enfin libérée. Nous avons dépoussiéré les cubis de “rouge supérieur” qui vieillissaient mal dans la réserve pendant l’orage. Nous avons payé la consigne d’un verre en plastique que nous sommes prêts à ne pas récupérer, car garder ce trophée est le symbole d’une victoire contre un ennemi invisible. Nous sommes entrés silencieux dans la salle de concert, pour nous plonger dans une obscurité cette fois souhaitée. Nos oreilles ont vibré.
Nous sommes à l’abri dans cette salle de la Carène, semblable à un bunker de rouille.
Je n'ai pas envie de ressortir, ces inconnus à moins d’un mètre sont des reflets de ce que je ressens. Nous voulons rester ensemble, communier. Nous retrouvons nos hochements de tête, nos pieds qui frappent le sol en rythme, les jeux de lumières apaisantes, les voix chaudes qui remercient. Puis nous nous asseyons au sol, nos jambes n'ont plus l'habitude de nous tenir debout. Nous avons besoin d’une transition avant de retrouver le monde extérieur, sous les nuages sombres et menaçants. L’acoustique vient nous offrir une dernière posture, Savasana.
Alors Cabadzi nous confirme ce que nous savons tous : si c’est perdu, c’est perdu.
Nicolas et Victorien partagent avec douceur la noirceur d'un "monde qui s'écroule" et la triste réalité que personne n'a "les boules".
Si c'est perdu c'est perdu
Si c'est perdu c'est perdu
Si c'est perdu c'est perdu
Si c'est perdu c'est perdu
J'm'en veux même pas
J'ai beau faire gaffe
Pas trop salir le mur d'en face
On rêve billets pouvoir dormir dans l'opulence
Le mépris de classe
Mais oui bien sûr c'est dégueulasse
Y a mon éthique qui se prend des murs
Je manque de classe
J'ai le coeur qui fait la gueule
Mais j'ai la bouche qui sourit
Pense au mal que j'ai pas fait
Que j'aurai du faire jamais compris
D'amour et d'eau fraîche
Croire ô croire au bien c'est beau
D'amour D'amour et d'eau fraîche
Croire au rien c'est faux
J'ai même pas les boules
Y a l'monde qui s'écroule
Si c'est perdu c'est perdu
Si c'est perdu c'est perdu
Si c'est perdu c'est perdu
Si c'est perdu c'est perdu
Si c'est perdu c'est perdu
J'ai pas une tête d'arrière boutique
J'veux pas quitter ton historique
Préjugés vont préjugés viennent
Tête en siphon morale malsaine
On a construit l'enfer dans des bâtiments de verre
Vivre en paix donc se faire chier chercher la haine pour exister
S'attacher à fond, pleurer comme un con
S'attacher à fond, pleurer comme un con
Si t'écrases pas si t'écrases rien
Personne te dit comment t'avances comment t'écris t'auras quelle vie
Si j'ai envie de baisser les bras je baisse les bras et
Ta start up ne pourra rien pour moi
J'ai même pas les boules c'est bien ça qui va pas
Y a le monde qui s'écroule et je bouge pas le petit doigt
Si c'est perdu c'est perdu
Si c'est perdu c'est perdu
Y a rien qui me fatigue la seule chose qui me fascine
C'est qu'j'en veux toujours plus
Oui j'ai l'âme poupée russe
Si c'est perdu c'est perdu
Si c'est perdu c'est perdu
Gosse trop fragile ne trouve rien à sa taille
Gosse trop fragile pense à fuir la bataille
Si c'est perdu c'est perdu
Si c'est perdu c'est perdu