Sous l'eau.

En Bretagne, il ne pleut que sur les cons.
Mais dans le Sud, il pleut sur tout le monde. Ou on pourrait penser que tout le monde est con, mais j'affirme que non. Pire, il pleut tout le temps. Pire qu'en Bretagne. Cette semaine, c'était du jamais vu (pour moi, apprenti sudiste) et je n'ai jamais autant utilisé mon K-Way, ce qui n'est pas plus mal vu l'investissement initial (en 2023, loin des tarifs de 1970). Il y a un local commercial à louer près de l'appartement et du port, l'ouverture d'un magasin Guy Cotten me semble pertinente, et expliquerait pourquoi j'ai ramené la pluie avec moi en quittant la Bretagne. Le tueur de Souviens toi...l'été dernier c'est en fait simplement un gars du Sud, obligé de porter le ciré depuis notre arrivée en juillet l'année dernière, et qui cherche à faire taire la pluie en me faisant disparaître. Il me fait désormais beaucoup moins peur qu'en 97.
Qui dit pluie, dit boulot.
Toujours sous l'eau, en apnée, à regarder vers la surface. Quand le soleil y scintillait, on avait envie de remonter, d'accélérer les battements. Avec les trombes d'eau qui tentent de la percer cette semaine, on se laisse plutôt porter vers le fond, on tape dans le vide. J'ai l'impression qu'on n'y arrivera pas, qu'on manque d'oxygène, qu'on finira comme l'épave d'une expédition qui ne servait à rien. À chaque espoir, un mirage, une hallucination. J'espérais que Pâques nous apporterait un miracle, un gars en Guy Cotten qui se pointerait dans un petit bateau de pêche pour ouvrir la mer en deux, pour y tracer un chemin et nous indiquer la sortie, la route des vacances. Mais c'est encore raté pour cette année, les américains ont beau juré par Dieu, il n'y a pas de jours fériés pour les fêtes religieuses. God Bless me et les logiciels de merde.
Je vais plutôt croire en Zeus.
Attendre qu'il provoque un nouveau cataclysme qui engloutirait les continents. Les inondations à répétition on commencé le boulot, ne reste plus qu'à être patient, à bloquer sa respiration un peu plus longtemps. Sous l'eau, je suis dans mon élément, j'ai de l'expérience, un Poséidon des services informatiques et de la gestion de projets. Des années que j'essaie de construire une petite ville sous la mer en déplaçant des rochers dans la douleur. Je continue d'ajouter du poids sur mes épaules mais c'est du leste pour marcher sur le fond, quand d'autres tentent en vain de marcher sur l'eau. J'aspire à une thalassocratie, une nouvelle hégémonie sur la Méditerranée, Mare nostrum, à une nouvelle civilisation Guycottenienne, parée contre les véritables intempéries et le dérèglement des courants marins, plus forte que les K-wayiens qui domineront seulement les continents flottants de plastique et de nylon.