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Surprise.

J'ai raté l'anniversaire du blog. Difficile pourtant d'oublier, il est entré dans ma vie quand la Russie a envahit l'Ukraine.
Surprise.
Photo by Blake Weyland / Unsplash

J'ai raté l'anniversaire du blog.

Difficile pourtant d'oublier, il est entré dans ma vie quand la Russie a envahit l'Ukraine. Trois ans que mes billets tournent autour de mon humeur comme les drones tournent autour des têtes, comme des vautours. J'ai depuis l'impression que le monde change tous les jours, qu'il en devient méconnaissable, mais, trois ans après, finalement, il a toujours les mêmes traits. Teint pâle, humeur maussade, point mort, horizon bouché, perspectives épuisées. On parle à Riyad, à Paris, à Londres, mais on oublie d'avancer, de marquer l'histoire, de laisser une trace. On a envie de bien faire, comme moi le dimanche matin, mais c'est plus facile à dire qu'à écrire. Alors on se complait dans des refrains. Sans avoir de nouveaux anniversaires à fêter, on se cantonne à ceux des débuts de guerre.

Je ne pensais pas que ça durerait.

Je pensais qu'il changerait d'avis, qu'il ferait marche arrière après quelques semaines. Je pensais que je changerais d'idée, comme d'habitude, après quelques semaines. Je pensais qu'il s'épuiserait rapidement, j'ai eu un élan optimiste. Je pensais épuiser mes ressources limitées rapidement, je suis de nature pessimiste. Mais l'Histoire se répète. On insiste, on insiste, pour achever à l'usure. Personne n'arrête personne, on lance des avis de recherche Interpol pour des gars qu'on rencontre le lendemain face à la presse. Plus rien ne me surprend, on continue de brûler à petit feu, on souffle sur les braises un jour sur deux, sur les bougies une fois par an. Les cierges n'y peuvent rien.

Et quand tout s'éteint ?

Une fois seul, dans le noir complet, y aura-t-il quelqu'un pour crier Surprise ! en rallumant la lumière, sous les sons de serpentins et les pluies de confettis ? Oui. On poussera un ouf de soulagement en disant qu'on a eu peur que tout soit fini, que cette fois on était peut-être allé trop loin. Mais non, on repart pour un an, on souhaite une belle année, on promet que les rêves s'exauceront, on reçoit des appels de félicitations de la part de détracteurs, on reprend le pouvoir. On se dit qu'il y a encore tant de choses à dire, à faire, à écrire. Les poupées russes sont surprenantes, on a l'impression qu'elles ne finissent jamais. Alors on se rassure qu'on n'est pas près de s'arrêter, car ce que l'on aime plus que tout, ceux sont les cadeaux inutiles et les paroles en l'air.