Trêve.

Rêver.

Voilà la trêve ! Pour mon être égoïste seulement. Les autres trêves sont illusoires et je vais faire ce que l'humain sait faire de mieux, regarder ailleurs, vers le soleil et la mer, même s'il y a toujours un risque en Méditerranée. Il n'y a qu'en vacances qu'on se satisfait de son sentiment d'impuissance, qu'on est heureux de ne rien faire, de ne rien accomplir, de ne rien réussir, de faire le moins d'effort possible. On se l'autorise avec le sourire, et tant pis pour ceux qui tendent la main, pour quinze jours j'ai les miennes dans les poches. Casquettes et lunettes sur la tête, sans crop-top, mon nombrilisme est incognito.

Manger, boire, dormir.

Je vais mettre tout le budget amassé à force de peine aux services des besoins essentiels. Mais il y aura des restaurants, des bonnes bouteilles et des nuits d'hôtel. Sinon à quoi bon se plaindre toute l'année. Surtout que, pour deux semaines, je risque de n'avoir aucune souffrance personnelle. J'ai tout de même réservé une vidange et un entretien de l'Ibiza demain chez Midas, pour éviter un pic de sérotonine et d'endorphines ce week-end. Je souffre bien sûr du mal du siècle, vivre le lendemain pour ne surtout pas trop profiter de l'instant présent. Bonne nouvelle, le programme est déjà chargé pour mon retour de congés.

Jouer.

Les hématomes des coups pris sur la tête ces derniers mois vont avoir le temps de se résorber. J'ai hâte de voir mon cerveau me jouer de nouveaux tours, enfin libérer de la pression des saignements. Dans quelle direction va-t-il m'emmener ? Va-t-il me dire de me calmer, de sauter, de frapper fort, de courir vite ? Je sais déjà qu'il ne prendra pas de vacances. Il est le gamin d'en bas dans sa piscine gonflable qui dit "regarde papa !" toutes les cinq secondes, alors qu'il fait ses pirouettes pleines de promesse. Moi aussi je vais la regarder en souriant, cette boîte crânienne impossible à ouvrir, cette matière grise insaisissable, je vais la suivre quoiqu'elle décide de faire, du plus mignon au plus absurde.