Version longue.

J’ai envie d’écrire un roman.
De me prendre les pieds dans ma tête, de me perdre dans mon imagination plutôt que dans mes réflexions. De faire vivre cet enfant ailleurs que dans un champ de maïs, de lui donner envie d’autres choses que de faire pipi dans son short. De mélanger utopie et jugement dernier. D'imaginer une catastrophe humaine, qu'on lirait comme on regarde un bon film au cinéma, avant de s'apercevoir de sa réalité une fois dans la lumière.
Ça me semble inaccessible.
Pourtant j'ai envie de me prouver que je suis capable de toutes ces choses dont je suis incapable. De réaliser qu'écrire n'est pas une fin en soi mais que l'écriture peut en avoir une. Qu'en noircissant une page chaque matin il suffit d'attendre d'aligner les jours. Que finalement, si je liais mes réflexions de trentenaire en perdition, on aurait un bouquin, relié mais sans queue ni tête. J'ai besoin d'écrire deux cent pages d'aventure comme j'écris deux cent pages de spécifications techniques pour un logiciel de scoring crédit, l'enthousiasme en plus. Je veux ressentir une fierté, même sans reconnaissance. Je veux arrêter de vagabonder, être capable de choisir une direction, un fil rouge, et de m'y tenir sans m'égarer. Ce n'est pas gagné, et c'est pour ça que j'ai envie de me lancer.
Si j'y arrive, vous le saurez.
J'aurais un livre et un blog, deux enfants à charge, en garde alternée. L'hebdomadaire deviendrait ainsi bi-mensuel. Mensuel peut-être, si je deviens mon propre personnage et que je me perds dans sa peau. Je n'en sais rien finalement, mon histoire inspirera peut-être mes billets, ils sont chacun le fruit de l'autre. Et j'écris sûrement tout ça pour m'obliger à aller plus loin, comme cracher promis-juré. Ou j'en parle plus pour en faire moins. Mais j'ai envie, rien ne m'empêche. Si ça tournait mal je n'aurais qu'à reposter Échec, mate. Puis reposter celui-ci, et ainsi de suite. J'ai besoin d'une version longue, d'un rêve qui persiste, d'un bonheur qui s'installe, d'une fiction à raconter.